20 avr. 2009

Interview Rotor Jambreks - fr

[Rotor Jambreks - Avril 2009]
 


   On n'avait pas réussi à se capter lors de son concert à l'Ubu, (en première partie de 'Ceux qui marchent debout', le 5 mars dernier). La faute au mauvais manager. Mais à 100% sucre nous ne sommes pas rancunières, donc nous avons pris notre courage à deux mains et nous sommes revenues à la charge par e-mail. Dix questions au poil et dix réponses des plus appropriées qui nous montrent que nous avons raison de nous acharner sur des artistes du "style genre" (je cite).


1) Qui est Rotor Jambreaks?

 Rotor Jambreks, c'est déjà un nom qui claque avec des sonorités étonnantes, et d'ailleurs y'a pas de A à Jambreks, car il n'est pas question de faire un break pour le moment, bien au contraire. À 29 ans largement dépassés, Rotor Jambreks est engagé depuis maintenant plus de 2 ans dans une randonnée artistique proprement passionnante qui l'a vu sortir de nulle part pour aller on ne sait pas où, mais en tous cas, il y va, et droit devant. En klaxonnant. Même pas peur. Sinon, Rotor Jambreks ne parle pas de lui à la troisième personne, d'habitude. Sauf là, mais je sais pas pourquoi. Et donc, en gros, j'essaye d'occuper le spectre sonore avec autant de finesse et de sauvagerie que possible en utilisant simplement une grosse caisse, une caisse claire, une guitare, ma voix, et de nombreuses références rock / soul / blues triées sur le volet.

2) Qu'est-ce que ça change d'être un 'One Man band' ?

 On perd les mauvais côtés de la vie de groupe : les mauvaises blagues à répétition, les odeurs de pieds dans le van, la promiscuité parfois gênante, le camarade qui joue de travers et on ne sait pas pourquoi, et tout ce genre de choses. Mais on perd aussi les bons côtés de la vie de groupe : les mauvaises blagues à répétition, la camaraderie contre vents et marées y compris sur les plans parfois foireux, la possibilité de créer à plusieurs une énergie difficile à produire seul, et tout ce genre de choses. Ceci dit, je ne suis pas mécontent de jouer seul, parce que ça se passe quand même plutôt bien la plupart du temps, et je suis obligé de constater que c'est en grande partie de ma faute. Ce qui est toujours bon pour mon ego modestement démesuré et démesurément modeste.

3) Tes influences musicales, mais pas que...

 Tout d'abord, mes influences en terme de canevas viennent principalement de ma grand-tante Josiane, qui avait un goût sûr pour les canevas représentant des scènes de la campagne normande. Sinon, musicalement, j'ai grandi avec Sebadoh et le Blues Explosion, et puis de fil en aiguille, j'ai ramifié sévère pour aller actuellement de Can à Erik Truffaz à The Music Machine à Nicole Willis à The Black Keys à d'autres trucs encore plus ou moins étonnants. Mais le fil que j'essaye de tenir, en gros, c'est une sorte de digestion de rock 50's, de pop 60's de et soul 60's aussi.

4) Ta série télé préférée?

 Excellente question, Callaghan. Excellente car je ne saurais y répondre avec fermeté. Si ça ne te dérange pas, je vais discrètement contourner l'unicité potentielle de la réponse en faisant des catégories, histoire de faire style genre. pour commencer, en série animée, mes faveurs vont actuellement à South Park, avec tout ce que ça suppose d'Eric Cartman. Sinon, dans la catégorie "série avec Jack Bauer", je dois avouer que j'aime bien 24. Et parmi les séries de Showtime (dont tout le monde me dit du bien), j'attends impatiemment la nouvelle saison de Californication.

5) Le meilleur cadeau que l'on t'es offert?

 Une guitare Prince de forme Strat et de couleur rouge criard (que je ne trouve plus) avec un ampli 10 W (que j'ai toujours et qui me sert, d'ailleurs). Cadeau offert en 1993 par mes parents. Les pauvres. Ils ne savaient pas ce dont ils allaient se rendre responsables.

6) La crise, ça t'inquiète?

 Un peu, mon neveu. Mon portefeuille de stock-options n'est pas joli à voir. La main invisible chère à Adam Smith doit être partie en vacances. Mais je ne m'inquiète pas : ça devrait aller mieux quand elle sera de retour au bureau, toute bronzée, pleine d'allant et d'envie. Pas de panique.

7) Tu fais quoi quand tu as mal à la tête?

 C'est pas pour faire style genre, mais j'ai très très rarement mal à la tête. Et je présente ici mes plus sincères condoléances aux migraineux. Si j'ai mal à la tête, généralement, c'est deux bouts de paracétamol et on n'en parle plus. et permettez-moi de présenter à nouveau mes condoléances aux migraineux (notamment les migraineux ophtalmiques).

8) Si tu devais repasser le permis, ça donnerait quoi?

 Alors, permis de chasse, j'ai pas et ça m'intéresse pas, permis pêche, j'ai eu mais je veux plus, permis bateau, je sais pas nager donc bon... Il reste le permis de conduire, et là je pense que faudrait sévèrement réviser le code pour l'avoir, parce que la conduite, ça devrait aller, même les créneaux. Et sinon, il y a le permis de tuer, mais n'étant pas James Bond et vivant dans l'amour de mon prochain, je pense que je vais faire l'impasse.

9) Si c'était ton dernier jour à vivre tu ferais quoi?

 Je pense que, déjà, je ferais un peu la gueule, ce qui pourrait se comprendre. Ensuite, globalement, en plus d'un grand gala d'adieux à la scène, à la famille et aux amis, je pense que j'essaierais deux ou trucs
complètement fous et/ou dangereux (dont je ne saurais livrer la liste exacte ici-même), parce que, hein, foutu pour foutu...

10) Peux-tu nous donner une recette de cuisine s'il te plait?

 J'hésite...
 J'ai une recette très simple, pour commencer : les lasagnes surgelées.
 Alors c'est pas compliqué. Vous prenez le paquet, vous voyez hein, un paquet qui ressemble à s'y méprendre à un parallélépipède rectangle, assurez-vous qu'il n'est pas vide et que y'a bien marqué "lasagnes"
dessus. Pour ce qui est de la variété de lasagnes, vous avez le choix, perso je suis assez fan des lasagnes chèvre-épinard, mais là vous faites comme vous voulez. De toute façon, vous avez votre carton, vous l'ouvrez, et là vous extrayez la barquette, vous virez le film plastique et tout, et là vous mettez la barquette dans un four que vous avez préalablement mis à chauffer à une température adéquate, si bien que quand la température est adéquate, vous pouvez introduire la barquette dans le four, et après une durée que vous aurez lue sur le carton avant de le jeter à la poubelle parce que sinon c'est un peu crado parfois, vous pourrez retirer la barquette et apprécier (pourquoi pas avec un peu de salade agrémentée d'une vinaigrette à base de vinaigre balsamique) un excellent plat de lasagnes décongelées avec ce goût de sauce tomate industrielle qu'aucun cuisinier digne de ce nom n'arrivera jamais à imiter. Un régal. Un régal relatif, disons. Voire.
 Sinon, en ces temps de crise, je peux vous donner ma recette de plat qui fait pas trop pouilleux, qui reste simple et qui ne coûte pas trop cher. Ce sont des tagliatelles al dente avec des dés de saumon fumé que vous aurez mis à feu doux dans une casserole avec ce qu'il faut de crème fraîche relevée de poivre moulu. Tout le secret de l'effet classe, c'est de bien étager... d'abord les pâtes bien disposées comme il faut au milieu, ensuite la garniture bien disposée également, et pour finir, la touche classe, vous saupoudrez d'aneth. Ca fait légèrement habillé pour pas cher. Ca me rappelle ce bouquin dans lequel on parlait d'un brin de persil ajouté par le protagoniste à chacun de ses plats, un brin de persil qui lui permettait de se prouver à lui-même qu'il n'avait pas encore tout perdu malgré le chagrin qui l'assaillait pour une raison que j'ai oubliée. Mais bon, c'est dans ce livre. Ce livre dont j'ai oublié le titre. Un bouquin écrit par un grand auteur. Dont le nom m'échappe également. Décidément.

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