4 nov. 2010

Interview Liars - fr

27 octobre 2010 – Antipode, Rennes



   Après les avoir vus cet été au festival La Route du Rock, nous étions impatients de découvrir ce que rendait Liars dans une salle. Nous avons posé quelques questions au chanteur du groupe, Angus Andrew, avant qu’il ne monte sur scène.
  
  
1. Beaucoup de Rennais vous ont vus à La Route du Rock. Vous avez aimé ce festival ? Vous en gardez un bon souvenir ?

Angus: Hum, j’essaie de m’en rappeler. C’était celui où il y avait Gang of Four qui jouait aussi ?
100%: Non.
A: C’était en extérieur, sur une scène du style empire ? Oui, c’était vraiment sympa, j’ai bien aimé. On y avait déjà joué il y a quelques années. J’ai passé un bon moment. Je me souviens qu’on avait eu beaucoup de problèmes techniques, ça n’allait pas comme on le voulait. Mais on sait que la préparation du set est toujours un moment difficile à passer. Mais oui c’était cool, et en plus j’aime bien les grandes scènes comme celle-là. Les Flaming Lips ont joué eux aussi, non ?
100%: Oui !
   
A: Ils étaient comment ?
100%: Ils ont vraiment assuré. On peut ne pas aimer leur musique, il faut reconnaître que sur scène ils sont géniaux. 
   
  
2. Votre dernier album s’appelle Sisterworld, peux-tu nous parler de la pochette ? D’où vient la photo ?
A: L’histoire, c’est que nous avions travaillé sur l’album à Los Angeles pendant un sacré bout de temps. Nous parlions de cette idée de se séparer de l’influence de la société, nous pensions à ces endroits où nous devons nous retirer pour nous retrouver nous-mêmes. C’était juste des idées, comme ça, en théorie, jusqu’à ce qu’on décide de faire un trip le long de la côte californienne, sans écouter de musique.  On a simplement marché en forêt, pris des photos et filmé. C’est cette idée qu’on tentait de mettre dans l’album. Et c’est là d’où vient la photographie sur la pochette. On a essayé de se mettre dans une situation où on ressentait physiquement ce qu’on exprimait en musique depuis le départ.
   
  
3. Tu penses que le design d’une pochette a un rôle important à jouer dans la musique?   

A: Dernièrement, il n’en a pas vraiment eu, avec la baisse des ventes de disques. Mais je pense qu’aujourd’hui il occupe une place importante dans la mesure où les gens veulent posséder plus qu’un CD et un simple bout de papier. Il est primordial, pour nous en tant qu’artistes, de ne pas jeter la pierre aux personnes qui n’achètent pas de disques, mais plutôt de proposer un produit qui vaut la peine d’être acheté.  Un objet qui est attirant, que l’on peut toucher, et qui plaît vraiment. La plupart des gens ne veulent pas de CDs, ils préfèrent télécharger de la musique sur leur ordinateur ou leur IPod. Mais je crois qu’il y aura toujours de la place pour la créativité, que les gens sauront apprécier. C’est pour ça que nous voulions que notre photo de couverture soit une sorte d’image en 3D.
   
   
4. Vous avez fait beaucoup de concerts, et Sisterworld est votre cinquième album. Est-ce qu’il t’arrive de penser à ce que sera Liars dans dix ans ?
A: Je ne sais pas, je n’y pense pas trop. C’est déjà assez bizarre de se dire qu’on fait de la musique depuis dix ans. Mais je croise les doigts et j’espère qu’on sortira cinq autres albums, dont on sera aussi satisfait que Sisterworld.

100%: En dix ans vous êtes devenus une influence pour de nombreux groupes.
A: Oui, c’est vraiment génial de voir comment tout s’enchaîne. Il y a tellement de groupes, et chaque jour il y en a de nouveaux qui se forment. Parfois j’oublie qu’il y en a parmi eux qui nous connaissent et qui nous écoutent. Que ce soit important ou non, c’est intéressant de voir que notre musique en influence certains et en inspire d’autres. J’en suis assez fier, parce que je crois que l’influence que nous avons est plus spirituelle que musicale. Il s’agit juste d’être fidèle à ses idées et de faire ce que l’on croit être juste.
   
  
5. On dit que votre album est sombre. Tu en penses quoi ?
A: Je suis d’accord avec cette idée, je voulais faire un album sombre. Parfois je repense aux paroles et à d’autres choses que j’ai écrites ou dites, et ça me fait un choc de voir que j’ai trouvé en moi des aspects aussi noirs. Mais je voulais révéler cette part sombre de mon être.
   
  
6. On dit aussi qu’il parle de la perte de soi dans la société. Tu peux creuser cette idée? 
A: J’ai souvent du mal à trouver ma place dans la société. Et c’est d’autant plus difficile à Los Angeles, où tout le monde est très beau, riche, où tout le monde sourit. On se demande pourquoi on n’est pas comme eux ! On a le même sentiment en regardant la télé par exemple. Parfois on ne comprend pas à qui elle s’adresse. Pas à nous. Il m’arrive de me sentir rejeter par ce monde, et je crois qu’il y a d’autres personnes qui ressentent la même chose. J’ai donc crée cet album pour aider ces gens à se redécouvrir et à ne pas s’inquiéter des dictats de la société. 
   
   
7. Tu penses être plutôt optimiste ou pessimiste ?
A: Ah, c’est une question intéressante ! Je pense être optimiste, je suis impatient, je n’ai pas peur de grand-chose. Mais j’aime à penser que je suis réaliste, c’est comme couper la poire en deux. Je pense qu’il n’est bon ni d’être trop optimiste ni d’être trop pessimiste.
  
   
8. Tu as des groupes à nous recommander ?
A: Il y a ce collectif hip hop de Los Angeles qui s’appelle Odd Future. Ils sont très intéressants. Ils ont repris une de nos chansons, c’est comme ça qu’on a entendu parler d’eux. Ils sont très jeunes, sont fans de skateboard, j’aime vraiment ce qu’ils font.
  
  
9. Quel est ton livre préféré, pourquoi ? Tu peux en choisir plus d’un seul.
A: Remainder de Tom McCarthy. C’est un écrivain anglais, et en fait c’est son premier roman. Il est sorti il y a quelques années. J’ai vraiment adoré ce livre, il remet en question le rôle que joue l’art dans la vie. Et tout au long du roman, il parle de cette idée intéressante de recréer l’art dans la vie, et comme cela peut poser problème.
  
   
10. Tu peux me donner une recette de cuisine ?

A: Ce que je réussis le mieux c’est une vieille recette australienne, puisque je viens de là-bas. On appelle ça la meat pie. On fait brunir des oignons, avec de la viande hachée et des champignons. Ensuite on fait une pâte, que l’on remplit avec la garniture et on enfourne.

  

Itw par Josephine. Traduit par Comète.


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